Des conséquences psychologiques du climat violent en manifestation

Vu sur le site du CAME

Par Lauriane Perez, psychologue, dont son texte est initialement paru sur sa page Facebook.

Aller en manifestation est loin d’être un acte anodin. Aujourd’hui, dans le cadre des manifestations liées au mouvement des Gilets Jaunes, il est possible de recenser un grand nombre de blessures physiques. En revanche, les conséquences psychologiques restent beaucoup moins abordées.

Il est important de noter qu’une manifestation telle qu’elle se déroule dans le cadre de ce mouvement (mais aussi dans toute manifestation teintée de violence) présente de nombreux facteurs de risque de développer ce que l’on appelle un syndrome de stress post-traumatique (SSPT).

Quand nous parlons de traumatisme, nous ne parlons pas de l’événement en lui-même mais des effets psychologiques de celui-ci ce qui induit un facteur de variabilité subjective. Tout le monde ne vivra pas le même événement de la même façon, les effets psychologiques seront donc différents. Il est néanmoins possible de repérer les facteurs de risques qui rendent un événement particulièrement traumatogène. Parmi ceux là, nous pouvons relever : – le caractère soudain de l’événement (impact particulièrement présent chez les personnes qui manifestent pour la première fois et qui ne s’attendent pas à la violence qu’elles y rencontrent) – les stimulations intenses (bruits pénétrants des grenades de désencerclement ou des cris, sensation d’étouffement ou perturbation du champs de vision liées au gaz lacrymogène, bousculades…), – la confrontation à la réalité de la mort via le danger d’atteinte à son intégrité physique (répression violente, être nassé sans possibilité de fuite, être blessé ou témoin de blessures graves, sentiment d’être menacé par un agent de police armé…) – le caractère intentionnel et humain de ces actes destructeurs (porté par le discours du gouvernement qui légitime la répression policière là où la police est d’abord associée à la protection du citoyen) – la sensation d’être humilié ou dénigré (qui peut d’ailleurs être la cause de l’engagement dans la lutte sociale) – le sentiment de perte de sens de l’action (qui peut être présent quand la lutte est longue où sans résultat satisfaisant)

– la vulnérabilité physique et/ou psychique (que l’on retrouve chez des manifestants récurrents qui peuvent être fatigués, voire déjà traumatisés ce qui réactualise le trauma en permanence)